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Georges Beliaeff Auteur

Actualités littéraires de Georges Beliaeff : Roman - Altérité - Les destins croisés, Les Bâtisseurs de Bonheur, Au plus près des Infinis et Montbard recueil Historique.

Tranches de vie – Chapitre 2-3 - Louis Jullien : La reconstruction

Tranches de vie – Chapitre 2-3 - Louis Jullien : La reconstruction

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Louis Jullien : La reconstruction

Louis avait l’impression de s’être endormi à l’instant quand un « bip » sonore le réveilla. Il s’assit d’un bond dans le lit en se demandant où il était. Devant lui, un petit affichage lumineux se découpait sur le mur uni et quatre chiffres verts indiquaient 10 : 01. Lentement, les évènements de la veille lui revinrent en mémoire. La conférence, le voyage, cet étrange moyen de transport. La découverte d’une cité. Mais au fait ! Il se leva précipitamment et ouvrit le rideau. Le spectacle qu’il découvrit le laissa stupéfait. Une cité s’étendait devant lui, mais elle ne répondait pas aux critères d’une cité conventionnelle. Des petites silhouettes s’affairaient de-ci, de-là. Une partie de l’ouvrage était masquée par des arbres qui s’érigeaient en bosquets, ou plutôt en boqueteaux. Vu leur taille, ils avaient dû être plantés bien avant la construction du bâtiment. Au loin, on devinait d’autres bâtiments qui avaient cette forme étrange. Encore plus loin, des grues indiquaient des constructions en cours.

Une phrase lui revint en mémoire : « vous ne verrez plus jamais les choses comme avant ». C’était le moins que l’on puisse dire. Il resta longtemps à contempler ce spectacle surréaliste. De temps en temps, une petite cabine semblable à celle qu’ils avaient prise la nuit précédente passait, s’arrêtait, chargeait ou déchargeait un passager. Il semblait régner sur cet ensemble une impression de sérénité. Il rêvait éveillé lorsqu’un Bip plus sonore que le précédent lui rappela que Jean devait venir le chercher à 11 h. Il se hâta dans la salle de bain. Il ne voulait pas être en retard.

Jean se présenta et frappa légèrement à sa porte.

– Alors, cette première nuit ? 

– Je crois ne pas avoir aussi bien dormi depuis des années.

– C’est ton nouveau chez-toi jusqu’à ce que « Nous » te trouvions une solution !

– Qui est « Nous » ?

– Tu verras ! Nous avons rendez-vous cet après-midi avec le comité de la cité. Je leur ai demandé audience.

– Tu ne veux pas m’en dire plus ?

– Louis, tu es maintenant dans un univers qui ne se raconte pas mais qui se vit et que tu vas toi-même façonner. Ce que tu trouveras ici, c’est ce que tu y apporteras toi-même.

Louis ne savait pas quoi répondre à cela.

– Mais tu sais bien que je n’ai plus rien !

– Ne dit pas de bêtises. Bien sûr que tu possèdes des choses. Même si tu n’as plus de biens matériels, tu as certainement des qualités ou des compétences que tu pourras exploiter ou développer ici pour nous enrichir de ton savoir.

Puis Jean ajouta :

– Viens, allons déjeuner.

Après être sorti du bâtiment, Jean actionna un bouton sur une borne d’appel située à proximité. À quelques dizaines de mètres, une cabine de transport se mit en route et vint se positionner devant eux.

– Nous allons à la cantine dans laquelle je travaille. Comme ça, nous serons sur place ensuite.

– Tu n’as pas dit hier que tu étais chef de projet et que tu travaillais sur une construction de bâtiment ?

– C’est aussi vrai. Je m’occupe également de donner des cours dans une école quelques jours par an. En plus, je fais partie du comité de gestion du secteur du bâtiment dans lequel j’habite.

– Tu as plusieurs métiers ?

– Oui. Ici c’est la règle. Personne n’est au service de personne en particulier et tout le monde a l’obligation de participer un peu à tout en fonction de ses goûts, de ses aspirations, mais également en fonction des besoins exprimés par les comités que nous appelons ici des cercles. Il se peut qu’une de tes activités ne te convienne pas parfaitement, mais tu es pris en charge et formé. Avec un peu de bonne volonté, ça ne pose pas de problème. Dans notre règlement, nous avons obligation de renouveler une de nos activités une fois tous les deux ans. Trois au maximum. Cela permet de fluidifier les parcours en créant sans cesse de nouvelles opportunités et en obligeant à en trouver d’autres et aussi de traiter la question de « fin de carrière » en permettant aux anciens de prendre des activités moins fatigantes. Mais je t’expliquerai cela plus tard.

En même temps qu’il parlait, il avait programmé une destination sur la console centrale et la petite cabine s’était mise en route. Un passager fut pris en route. La cabine s’arrêta devant un point de dépose et Jean dit :

– Nous descendons ici.

Ils se dirigèrent vers une porte du bâtiment, descendirent un étage en empruntant un escalier et pénétrèrent dans un local d’une cinquantaine de mètres de long, peut-être plus, qui servait manifestement de réfectoire.

– C’est ici que je travaille. Je m’occupe des économats et supervise la fabrication des repas lorsque mon collègue n’est pas là. Nous sommes deux sur le poste. Nous servons environ un millier de repas par service. Deux services à midi, un service le soir.

– Impressionnant, dit Louis.

– Si ça te dit, nous avons un poste libre en ce moment : manutention, plonge, traitement et recyclage des déchets en dehors des services. Parfois, service en chaîne de distribution des repas.

Louis l’aurait embrassé. Lui qui avait tellement galéré ces dernières années, à qui plus personne ne faisait confiance pour lui donner un travail, trouvait que les choses étaient simples ici. Ils se dirigèrent vers un point de distribution alimentaire et Jean dit :

– À cette heure-ci, je te conseille de prendre un repas complet car nous ne reviendrons peut-être pas avant le soir.

Il le questionna du regard.

– Pas d’inquiétude, tu es notre invité.

– C’est toi qui m’invites ?

– Ce n’est pas moi, c’est « Nous ».

– Ah oui, « Nous » !

Un homme d’une quarantaine d’années vint à leur rencontre derrière le comptoir de distribution.

– Salut Franck, je te présente Louis qui est revenu avec moi cette nuit.

– Bonjour Louis.

– Bonjour Franck.

– Franck, mets pour Louis un repas sur le compte invité, dit Jean en même temps qu’il présentait un badge pour son propre repas.

– Merci Jean.

– Ce n’est pas moi qu’il faut remercier, je te l’ai déjà dit… Ah Franck, pendant que j’y pense, tu mettras un repas supplémentaire dans mon « panier » de ce soir. Jean viendra dîner à la maison, nous pourrons ainsi bavarder un peu.

Franck demanda à Louis :

– Viande, poisson, végétarien ?

– Viande !

– Poulet avec jardinière de légumes, salade composée en entrée et une pomme en dessert. Ça te va ?

– Ce sera parfait.

Jean opta pour le menu végétarien composé d’un steak Boulgour/Comté accompagné d’une salade verte, tomates en entrée et au choix un fruit ou un flan. Quand Louis le questionna sur le mode de confection des menus, Jean expliqua :

– Dans le monde duquel tu viens, les gens crèvent soit de malnutrition, soit de suralimentation et d’obésité, souvent par ignorance, raisons financières ou tout simplement par exposition à la publicité qui les pousse à la surconsommation. Ici la valeur calorique du plateau est constante et calculée suivant différents paramètres, dont la pénibilité de ton travail. Le nombre de produits que tu consommes et la quantité sont calculés au fur et à mesure que tu choisis. Pour faire simple, si tu souhaites une crème brulée qui est un dessert hypercalorique, ce qui est ton droit, il te faudra choisir entre : pas d’entrée et une portion réduite de viande ou de poisson, ou bien pas de viande et une entrée. Les composants du repas sont naturels et élevés ou produits sans cochonneries dessus ni dedans. Mais d’une façon générale, nous déconseillons trop de viande. C’est pour cela que j’ai choisi le menu végétarien. Le choix des produits et des plats est encadré afin d’éviter que ce ne soit la tentation qui conduise au choix de la composition des plateaux plutôt que la raison. La majorité des personnes qui ne sont pas dans le besoin sont en général dans l’incapacité de mettre une limite lors de leurs choix alimentaires.

Louis écoutait ces explications tellement limpides en se demandant pourquoi cela ne se faisait pas ailleurs.

– Et pour le soir, repas léger que tu peux prendre en restauration collective, à ton domicile ou de temps en temps dans un lieu qui ressemble à un restaurant comme tu as l’habitude d’en voir. Les restaurants fonctionnent également le midi et il est impératif de réserver, mais d’une façon générale, les cantines sont préférées car elles sont un espace de contact et d’échange qui n’existe pas dans les restaurants, plus intimistes, mais qui rappellent trop à beaucoup d’entre nous leur ancienne vie. Au fait, il n’y a pas de produits auxquels tu sois allergique ou que tu n’aimes pas ?

– Je ne supporte pas trop les produits laitiers. J’ai du mal à les digérer.

Jean lança d’une voix forte :

– Franck, pas de produits laitiers pour Louis !

– OK, c’est noté.

Puis d’une voix plus modérée :

– Voilà qui est fait.

Louis appréciait ce repas qui contrastait avec ce qu’il avait eu l’habitude de manger ces dernières années, même à la soupe populaire qui se targuait de proposer des repas complets, équilibrés et composés de produits de bonne qualité qui provenaient de la banque alimentaire. Il regardait les grandes verrières au plafond qui distillaient une lumière agréable. Il lui revint en mémoire d’un coup qu’ils se trouvaient en sous-sol. Comment était-ce possible ?

– Jean, comment marche le système d’éclairage ?

– La lumière est captée au sommet du bâtiment et dirigée vers cette pièce grâce à un conducteur optique qui ressemble un peu à la fibre optique que tu connais certainement !

Louis acquiesça.

– Cela donne une impression de lumière du jour. Les bâtiments sont également dotés d’un dispositif de stockage d’électricité afin d’éclairer cette salle lorsque la luminosité est insuffisante.

– Il y a des batteries ?

– Non !

– Je croyais que le stockage de l’électricité sans batterie était impossible !

– Nous avons développé un système qui produit de l’électricité grâce à un combiné de panneaux solaires et d’hélices extérieures ou intérieures qui se mettent en mouvement lorsqu’il y a du vent ou qu’il est capté en direction des hélices intérieures, ces dernières ayant l’avantage de ne pas dégrader l’esthétique d’un site. L’électricité qui n’est pas consommée par les appareils en cuisine ou d’autres appareils électriques dans des endroits différents du bâtiment permet d’actionner des turbines qui déplacent des masses importantes d’eau vers le sommet de l’édifice. Lorsque la luminosité est insuffisante et qu’il y a besoin de fourniture d’électricité, l’eau est lâchée avec une force plus ou moins importante et la turbine produit de l’électricité. Il y a plusieurs réservoirs en haut et en bas du bâtiment qui sont alimentés pour partie par la récupération des eaux de pluie. Cela nous a permis de diminuer de quatre-vingt-quinze pour cent la demande de fourniture en électricité par rapport à une cuisine classique. Ce dispositif, combiné avec une bonne gestion des horaires de service en fonction des saisons permet à la cuisine d’être autonome. De plus, les réservoirs permettent également d’alimenter les lances à incendie en cas de besoin, ou pour des usages domestiques autres que la consommation d’eau potable. La pression est suffisante pour tout cela.

 

Louis s’émerveillait devant autant d’ingéniosité. Jean ajouta :

– Un jour, je te ferai visiter les installations techniques, mais chaque chose en son temps.

Ils terminèrent le repas.

– Café ? demanda Jean.

– Oui, merci !

– Je te propose de le prendre à l’extérieur et d’attendre tranquillement l’heure de notre rendez-vous avec les membres du comité de gouvernance.

Ils reprirent le chemin de la surface avec chacun un gobelet de café dans la main. C’est vrai que cette ville ne ressemblait pas à une ville, mais plutôt à une succession de jardins suspendus, avec ce qu’il essayait de qualifier comme un paysage, mais ce n’était pas exactement cela.

Ils s’assirent sur un banc dans un petit parc situé légèrement en altitude, pour se prélasser et boire leur café. Jean se plongea dans ses pensées et Louis détailla ce qui l’entourait : un bâtiment dont la forme générale s’apparentait à une goutte d’eau, plus haut dans la partie extérieure, c’est-à-dire la partie arrondie de la goutte d’eau, et qui s’abaissait en pente douce en direction de la partie pointue de la goutte située en direction du centre du complexe. Cet abaissement permettait de distinguer des bâtiments de forme similaire au-delà de celui-ci, mais avec une disposition légèrement différente. L’ouvrage devait faire environ sept-cents mètres dans sa partie longue et deux ou trois cents mètres dans sa partie large. Cela devait faire une douzaine d’étages en hauteur, peut être quinze. L’ensemble descendait en terrasses enchevêtrées, de tailles et de niveau différents, parfois entrecoupées de surfaces plantées. L’impression générale qui se dégageait de cet enchevêtrement faisait penser à des chalets disposés à flanc de montagne dans une station de ski alpine. L’ouvrage, dont la forme s’apparentait à un T posé au sol, barre supérieure à l’extérieur formant une partie d’un gigantesque cercle, faisait environ vingt mètres de large à son sommet et presque cent à sa base. Le tout était parsemé de fenêtres et de baies vitrées qui démontraient que l’intérieur de cette « montagne » était habité. Comme il n’y avait pas de motifs répétitifs comme l’on est habitué à le voir dans un bâtiment classique où les fenêtres étaient toutes identiques, ou organisées en séries cycliques alignées horizontalement et verticalement, cela créait une variété quasi infinie de micropaysages. Les terrasses, ou jardins, il ne savait pas trop comment les qualifier, étaient de taille et de configuration différentes, d’autres, plus grandes paraissaient être des espaces collectifs. D’autres encore, mais il n’aurait pu le dire avec certitude, ressemblaient à des jardins potagers... Des jardins potagers, dans un bâtiment ! Cette sorte de paysage se confondait ensuite avec un paysage plus conventionnel qui s’apparentait à la campagne telle qu’il la connaissait : des espaces de taille et de formes différentes qui devaient être des champs ou des prés, des animaux qui paissaient tranquillement, un village avec quelques maisons au toit rouge, une petite église qui devait être de style roman, construite avec des pierres calcaires de couleur blanche, avec son étrange clocher octogonal dont le dernier étage était composé de pierres noires issues de roches volcaniques. Ce dernier étage était percé de doubles fenêtres plein cintre sur chacune des huit faces, soulignées par des montants extérieurs en pierres blanches. Le tout était surmonté d’un toit presque plat. Légèrement sur sa droite, un petit bois d’arbres feuillus, des promeneurs qui y entraient ou en sortaient, quelques cyclistes. Quelle quiétude ! Pas de bruit de voiture ou de fracas divers lié à l’activité des hommes, juste le chant des oiseaux qui s’en donnaient à cœur joie, ce devait être la période des amours. Parfois, la pente du bâtiment laissait la place à une façade de quelques étages, puis reprenait sa déclivité. Le bâtiment donnait vraiment l’impression d’une ville variée alors qu’il ne s’agissait en réalité que d’une seule entité.

Ils restèrent un long moment à se prélasser sur le banc.

– Tu peux t’allonger dans l’herbe, si tu le souhaites, dit Jean, nous avons encore un moment.

– Ça ira !

L’heure de partir vint et ils se dirigèrent à pied le long de la grande bâtisse vers une porte située à quelques centaines de mètres de l’endroit où ils s’étaient installés pour boire leur café. Jean pénétra le premier et l’invita à le suivre.

– Nous allons faire un tour par le sommet du bâtiment. Il y a une jolie vue.

Ils se dirigèrent vers un ascenseur puis pénétrèrent dans la cabine lorsque les portes s’ouvrirent. Jean appuya sur le bouton portant le chiffre quinze. Ainsi, il y avait quinze étages. Après une montée qui ne dura que quelques instants, la cabine s’immobilisa et les portes s’ouvrirent à nouveau.

Ils arrivèrent dans une coursive rectiligne lorsqu’il partait vers la droite et légèrement incurvée en direction de la gauche. Vu la taille du bâtiment, ces coursives auraient dû être de grande longueur, or, il n’en était rien. Les architectes avaient introduit des décrochements pour éviter que les couloirs ne paraissent interminables. L’ensemble paraissait cossu, mais pas chargé. Il régnait une impression de tranquillité. Ils croisèrent plusieurs « riverains » que Jean salua chaleureusement, ce qui Louis s’empressa de faire également.

Dès qu’ils se furent éloignés, Louis demanda :

– Tu les connaissais ?

– Oui, mais je ne connais pas tout le monde dans cette ville. Nous avons comme habitude de saluer chacun comme si c’était un vieil ami. Cela facilite les relations entre les uns et les autres.

Ils partirent plus vers la droite, la coursive faisait un angle droit vers la gauche, les rapprochant ainsi de l’enveloppe extérieure du bâtiment. La lumière conduite à des puits de lumière fut remplacée par la lumière du jour. Il y avait une fenêtre par laquelle on devinait l’extérieur. La coursive bifurquait à nouveau à angle droit vers la droite. Louis découvrit alors la vue panoramique qu’ils avaient depuis là sur cette cité. C’était incroyable. Il comprenait mieux maintenant la géographie de cette ville, ou cité, il ne savait pas vraiment. Vue d’avion, sa forme devait s’apparenter à une fleur géante dont chacun des bâtiments aurait été le contour d’un pétale. Au loin, on devinait d’autres ensembles de bâtiments similaires.

Jean prit la parole :

– Nous sommes ici dans les zones principalement à usage d’habitation, mais il est possible d’y travailler car une partie de nos activités sont localisées ici, dans des locaux à usage technique situés dans la partie centrale des bâtiments ou dans la partie donnant vers l’extérieur lorsque les activités nécessitent des manipulations d’objets. Les zones d’éducation, que tu pourrais appeler écoles, mais ça fonctionne autrement, se trouvent également dans l’enceinte de ces bâtiments. Les activités plus industrielles se trouvent à l’extérieur, dans une zone que tu as peut-être aperçue en arrivant cette nuit. Nous y trouvons pêle-mêle unités de fabrication et d’assemblage, unités de maintenance des équipements et des matériels, unités médicales et chirurgicales, s’apparentant à un hôpital, nécessitant des équipements importants et qui ne trouveraient pas place à l’intérieur de la cité. Pour ce qui est de la médecine courante, nous avons des équipements de proximité. Mais viens, allons sur une plate-forme.

Ils longèrent la succession de baies vitrées qui donnait l’impression de survoler la ville. Sur la droite de la coursive, des portes munies de noms indiquaient qu’il s’agissait d’appartements. Jean ajouta :

– Les appartements à ce niveau sont des duplex. Une partie des pièces à vivre se trouvent au niveau inférieur et chaque appartement possède une terrasse, qui ressemble plus à un jardin. Certains ont aussi un jardin potager.

Ils arrivèrent au niveau d’une porte qui donnait sur l’extérieur et se retrouvèrent dans un petit parc qui ressemblait à un square de rue. Sauf qu’on était au quinzième étage. Ce petit square se terminait par une zone impraticable, composée d’arbustes bas et de parterres de fleurs qui empêchaient d’accéder au bord de la terrasse et interdisait une vue directe sur ce qui se passait aux niveaux inférieurs. L’impression générale qui se dégageait de ce panorama pouvait s’apparenter à la vue que l’on a depuis le sommet d’une colline lorsqu’on contemple la vallée. Ce matin, Louis avait déjà eu cette impression, mais vu de la vallée. Au loin, on apercevait des grues de chantier, preuve que ce complexe n’était pas achevé.

Ils restèrent quelques minutes à contempler le paysage en silence, puis Jean lui dit :

– Nous devons y aller, maintenant.

A suivre…

Image par RENE RAUSCHENBERGER de Pixabay 

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